
Chroniques du train et du métro dans l'évolution du street art : les rebelles des voies ferrées
, par Bobby Banks, 12 min temps de lecture

, par Bobby Banks, 12 min temps de lecture
Ce qui n'était au départ que de simples tags et pseudonymes s'est rapidement transformé en œuvres d'art élaborées. Au fil des années 1970, des artistes comme Lee Quiñones et Fab 5 Freddy ont commencé à considérer des rames de métro entières comme leurs toiles, créant des fresques colorées et complexes. Ces artistes ne se contentaient pas d'une simple reconnaissance ; ils cherchaient à transmettre des messages sur leur vie et leurs communautés, transformant le métro en galeries d'art itinérantes.
Les années 1980 ont marqué une étape importante dans l'histoire du graffiti dans le métro, caractérisée par l'émergence de plusieurs figures clés dont l'œuvre allait définir l'essence même de l'art urbain et du métro. À New York, le graffiti était bien plus qu'un simple acte de rébellion ; c'était un véritable mouvement culturel qui a transformé le métro en une galerie mobile où s'exprimaient les problématiques les plus marquantes de l'époque. Durant cette période, la scène artistique underground était un confluent de diverses formes d'art, dont la culture hip-hop, qui a contribué à propulser le graffiti sur le devant de la scène. Les graffeurs des années 1980 considéraient le métro comme une tribune pour le commentaire social, un espace où l'art pouvait se démocratiser et être accessible à tous, au lieu d'être confiné aux murs élitistes des galeries et des musées. Impossible d'évoquer la scène artistique du métro des années 1980 sans mentionner Keith Haring, dont les dessins à la craie blanche sur les panneaux publicitaires noirs mats des stations sont devenus une marque de fabrique. Le symbole iconique du « bébé radieux » de Haring est devenu synonyme de l'énergie et de l'esprit de cette époque. Son art était immédiat et accessible, touchant un large public sur des sujets allant de la sensibilisation au sida à la célébration de la vie et de l'amour.
Un autre artiste majeur de cette époque fut Jean-Michel Basquiat, qui tagua d'abord sous le pseudonyme de SAMO. Son œuvre dépassa les murs du métro et ses épigrammes poétiques et poignantes remettaient en question l'ordre établi, témoignant des luttes de la rue et de la superficialité du monde de l'art. Il y avait aussi l'énergie collective des crews de graffeurs, tels que les Fabulous 5, menés par Lee Quiñones, qui produisaient des fresques murales recouvrant des rames entières. Ces œuvres, complexes et souvent engagées politiquement, exigeaient planification, exécution et une vigilance constante face à la police des transports, mais leur caractère éphémère faisait partie de leur charme. Des artistes comme Dondi, Zephyr et Futura 2000 marquèrent également cette période. La série « Children of the Grave » de Dondi, les innovations stylistiques de Zephyr en matière de lettrage et l'approche abstraite de Futura dans l'art du métro illustrèrent l'évolution esthétique du graffiti, le faisant passer des simples tags à des compositions complexes portant la signature stylistique de chaque artiste. Les années 1980 furent également marquées par une surveillance accrue et une répression plus sévère des graffitis dans le métro. Face à la lutte acharnée menée par la Metropolitan Transportation Authority (MTA) contre ces graffitis, le mouvement dut s'adapter, certains artistes se tournant vers les galeries et les scènes émergentes du street art à l'étranger. Malgré l'opposition des autorités, l'œuvre de ces artistes durant les années 1980 a profondément marqué la mémoire culturelle de la ville. Leur héritage perdure, non seulement à travers les témoignages de ceux qui ont vécu cette époque, mais aussi au cœur même du street art contemporain, qui continue de puiser son inspiration dans la spontanéité et l'authenticité des graffitis du métro des années 1980.
Jean-Michel Basquiat a débuté son parcours artistique sous le pseudonyme de SAMO, en taguant à la bombe des phrases énigmatiques et des images symboliques dans le paysage urbain new-yorkais, notamment dans les stations de métro. L'œuvre de Basquiat était emblématique de l'énergie brute du street art et de son potentiel à passer des passages souterrains aux plus hautes sphères du monde de l'art.
L'art du graffiti dans le métro a connu de profondes mutations avec l'avènement des artistes de rue contemporains. Ces derniers se sont appropriés les éléments fondamentaux posés par leurs prédécesseurs et les ont enrichis d'une énergie, de techniques et de messages nouveaux, reflétant leur époque. Leurs œuvres incarnent souvent un mélange d'activisme citoyen, d'expression personnelle et d'engagement communautaire, trouvant un écho auprès d'un public international diversifié.
Shepard Fairey, artiste de rue, graphiste, militant et fondateur de la marque de vêtements américaine OBEY Clothing, s'est fait connaître bien au-delà de sa première campagne d'autocollants « André le Géant a une bande ». Parmi ses œuvres dans le métro figure l'affiche emblématique « Hope » pour la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008. Son approche artistique du métro mêle pochoirs, autocollants et affiches, conférant à son travail une grande force graphique et un message socio-politique fort.
Toute analyse du street art se doit d'évoquer Banksy, l'insaisissable artiste britannique dont les œuvres au pochoir proposent souvent un commentaire social incisif. L'art de Banksy s'étend aux trains et métros du monde entier, où ses créations éphémères, mais percutantes, continuent de susciter la réflexion et le débat public. Banksy, artiste de rue anonyme basé en Angleterre, a également apporté une contribution significative à l'art du graffiti dans le métro. Reconnu pour son street art satirique et ses épigrammes subversives, son œuvre est apparue dans les métros et trains de nombreuses villes, offrant une critique acerbe des problématiques sociales et politiques. Ses œuvres sont éphémères, souvent retirées ou vendues, mais l'impact de ses messages continue d'influencer et de provoquer la réflexion chez les usagers des transports en commun et le grand public.
Christian Guémy, alias C215, est un artiste de rue français originaire de Paris, souvent décrit comme « la réponse française à Banksy ». C215 utilise principalement des pochoirs pour créer ses œuvres, et ses créations complexes et colorées représentent fréquemment des portraits en gros plan de personnes, notamment sa fille, des sans-abri, des réfugiés et d'autres personnes marginalisées. On peut admirer ses œuvres sur des boîtes aux lettres, au coin des rues et sur les murs des stations de métro du monde entier.
Le travail de l'artiste urbain français Invader se distingue par son utilisation originale de carreaux de céramique carrés pour créer des mosaïques évoquant des personnages de jeux vidéo pixélisés. Ces œuvres apparaissent non seulement sur les murs des rues, mais aussi dans le métro, offrant aux usagers une forme d'art à la fois nostalgique et novatrice qui capture l'esprit ludique du street art.
Les frères jumeaux brésiliens Os Gêmeos ont insufflé leur style vibrant et fantaisiste à la scène du graffiti dans le métro. Leurs personnages jaunes emblématiques et leurs scènes élaborées racontent des histoires profondément ancrées dans la culture brésilienne, mais universellement parlantes. Leurs œuvres sur les trains et les métros de différents pays témoignent du langage universel de l'art et de sa capacité à transcender les barrières culturelles. Ces maîtres contemporains du graffiti dans le métro repoussent sans cesse les limites, bousculant les conventions et inspirant de nouvelles générations d'artistes. La diversité de leurs approches et de leurs parcours contribue à la richesse de la scène artistique du métro, prouvant que cette forme d'expression est plus que jamais essentielle et pertinente.
Aujourd'hui, l'art du métro et des trains s'est répandu dans les villes du monde entier. Des artistes comme Shepard Fairey, Os Gêmeos et C215 ont laissé leur empreinte sur les trains et les réseaux de transport en commun, témoignant d'une grande diversité de styles et d'influences. Cette diffusion mondiale souligne le langage universel du street art et son pouvoir de transformer les trajets quotidiens en expériences artistiques immersives. Cette introduction retrace la riche histoire et l'importance culturelle de l'art du métro et des trains au sein du mouvement de l'art urbain. Elle évoque les origines du graffiti, met en lumière des artistes clés et leurs contributions, et souligne l'influence durable de cette forme d'art. L'article complet approfondira ces thèmes, en examinant l'état actuel et l'avenir de l'art du métro et des trains dans la culture populaire, le street art et le graffiti.
Chroniques du train et du métro dans l'évolution du street art : les rebelles des voies ferrées